Je suis français et en suis fier.

Fier d’appartenir à un pays petit par sa taille et son PIB, dont la culture, l’originalité, l’histoire, la présence dans les échanges entre nations le place parmi l’une des puissances les plus incontournables de notre temps.

J’ai beaucoup voyagé. Mes parents étaient des globe-trotters et partaient tous les quatre matins de pays en pays au grès des mutations de mon père avec armes et bagages et nous, les enfants, y trouvions un rythme qui scande, encore de nos jours, nos vies d’adultes. Nous voyagions sur tous les continents ou quasiment, à un rythme effréné, parfois nous changions de contrées tous les ans. Jugez vous-même : entre la fin du collège et les premières années de lycée j’ai parcouru 3 continents et 4 pays. J’ai connu les bancs du lycée Felix Eboué de N’Djamena (Tchad), ceux du lycée français de Pondichéry (Inde) et du Lycée Charles de Gaulle de Baden-Baden (Allemagne) en moins de 3 années scolaires. J‘ai aussi rencontré des copains de classe que je savais ne revoir jamais. Je survolais sans m’attacher ces relations éphémères avec le sentiment de toujours préparer l’étape d’après. J’ai plus parcouru de pays dans mon enfance que lors des 27 années de ma carrière militaire. A total, 4 années passées en Inde, 10 ans en Allemagne et 4 ans en Afrique, soit le tiers de ma vie hors de France, ont forgé mon caractère et développé mes capacités d’adaptation.

L’attrait de l’inconnu, le besoin de franchir les portes d’autres cultures et de nouveaux peuples sont génétiquement ancrés dans la famille. La diversité des rencontres passées, actuelles et à venir forgent jour après jour l’âme de l’homme ouvert, attentif à l’autre, et parfois critique du monde qui m’entoure. J’en suis arrivé au point où j’ai un besoin viscéral de me remettre en question au bout de quelques temps, de me relancer un défi, de changer de cap dès que l’ennui s’installe. Je pense tenir cela de ma mère qui n’a jamais considéré comme acquis ce qu’elle était en train de vivre et qui nous a entrainés, mes frères et moi, dans une migration permanente pour mieux nous inculquer que rien dans la vie n’était définitivement gagné. S’adapter en permanence, c’est aussi ne pas s’enraciner. Mais ne pas s’enraciner ne signifie aucunement déracinement. Voilà un subtil débat sur lequel je reviendrai plus tard.

Malgré tous les bouleversements de ma jeune vie je n'ai jamais douté de mon appartenance à la nation francaise jusqu'à ces dernières années où quelque chose de nouveau pour moi est apparu dans notre pays. La crise aidant, la parole se libérant, attisée par les discours populistes, la peur s'est installée et semble s'etre retournée contre l'Etranger. L'Etranger, non seulement l'immigré, l'homme noir ou basané, celui qui vient de l'autre coté de la méditerranée mais aussi le Rom "voleur d'enfant", le pauvre "assisté" , l'homosexuel, le chinois qui détruit notre économie et j'en passe....Qu’est devenue la belle France qui m’a vu naitre ? Celle qui a accueilli mes parents et les parents de mes parents. C’est aussi pour eux que j’ai voulu m’exprimer. Eux qui sont partis et qui ont conquis le droit du sol et du sang d’être des français respectés et fiers de leur appartenance à la Nation.

Le plus facile mais aussi le plus grave pourrait être de ne rien dire face à un malaise identitaire qui autorise tous les extrémismes. En tant qu’officier républicain je ne peux que réagir et livrer bataille à mon humble niveau pour que ce mouvement cesse et apporter mon témoignage, qui se veut non pas un constat sans retour mais une prise de conscience. « Les propos d’exclusion et de racisme envahissent l’espace public. Nous n’avons ni le droit de laisser faire ni celui de ne pas comprendre » (Christiane Taubira).

Citoyen du monde

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